voyage a été on ne peut plus délicieux (écrivait le 26 juillet un reporter québecquois qui les avait interviewés à leur retour dans la vieille capitale), signalé par une température des plus favorables, ce qui leur a permis d’explorer l’île autant qu’ils l’ont voulu. Ils ont parcouru les anses, où ils ont pêché avec grand succès. Les rivières, les essences forestières, les minerais surpassent leur attente, et ils feront un rapport absolument favorable. » Oui, ils ont exploré l’île autant qu’ils l’ont voulu, mais en en faisant le tour seulement. Pour ce qui est de l’intérieur, il n’y avait pas à songer même à y pénétrer, à cause des terribles moustiques que l’on sait : citoyens de la République française ou sujets britanniques, c’est tout un pour ces féroces ennemis.
Le 14 juillet, nos explorateurs se trouvaient à la Baie-des-Anglais, et convièrent à un banquet toute la population de l’endroit, à l’occasion de la solennité du jour, que l’on célèbre aujourd’hui comme la fête nationale de la France.
Les Anticostiens avec qui j’ai causé de la translation prochaine de la propriété de l’île, manifestaient de l’inquiétude en pensant à l’avenir. Ce sentiment était bien naturel chez ces gens, qui n’occupent leurs emplacements qu’à titre de locataires. Je dois ajouter, du reste, que la visite de M. Despecher et de ses compagnons a fait bonne impression chez les habitants de l’Anticosti. Les marques d’intérêt qu’ils ont données pour le soutien des écoles de la Baie-des-Anglais et de l’Anse-aux-Fraises étaient certes de bon augure. Et, à ce propos, j’aime à citer ici cet extrait de la conclusion de la Notice publiée par M. Despecher :
« Le territoire de l’île est assez vaste pour que de nombreux nouveaux venus y trouvent leur place, à la condition que ce soit de véritables travailleurs : pêcheurs, marins, cultivateurs et hommes de métier, que ne rebutent pas la rigueur du climat et le rude labeur que nécessitent partout les débuts d’un