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MINGAN — POINTE-AUX-ESQUIMAUX

qui arrive quand le timonier est distrait. C’est encore pis, lorsque c’est le mécanicien d’un train express qui a des distractions !

Ah ! que voici un étrange steamer ! Comme son flanc noir s’élève au-dessus de l’eau ! Il n’a pas de mâts ! Sa blanche cheminée est bien singulière ! Mais, aussi, c’est qu’il n’y a pas là de steamer. Ce n’est qu’une île qui, par exemple, en a bien l’air lorsqu’on la voit de loin, en venant du sud : c’est l’île aux Perroquets. Ce qui ressemble à une cheminée n’est que le phare qui domine cet îlot perdu au fond du golfe. Le seigneur de l’endroit, chargé d’entretenir la lumière du phare, nous a vus venir, et il sait — c’est son petit doigt qui l’a si bien renseigné — il sait quels sont les passagers du petit vaisseau ; il a hissé son drapeau au bout du mât, et il salue de plusieurs coups de fusil le passage de son évêque. Je ne sais pas me défendre d’une vive émotion lorsque je suis témoin de ces salutations qu’échangent en se rencontrant en mer deux navires en marche ; ici, il y avait de plus un témoignage touchant de respectueuse déférence envers le Pasteur du diocèse.


ÎLE AUX PERROQUETS.

(Album Gregory).


J’ai su plus tard que le gardien de ce phare est un citoyen de la Pointe-aux-Esquimaux, M. P. Vigneau, qui passe tout le temps de la navigation sur ce rocher de l’île aux Perroquets. Ces gardiens de phares ont du dévouement et de l’abnégation, et leur mission si modeste sauve pourtant bien des existences.