CHAPITRE QUATORZIÈME
Pointe-aux-Esquimaux (suite)
Lundi, 15 juillet. — Vis-à-vis la Pointe-aux-Esquimaux, à la distance d’un mille environ, il y a une grande île qui cache la vue de la haute mer ; c’est l’île du Havre que l’on nomme aussi l’île aux Esquimaux. Nous y avons traversé aujourd’hui. De là, on a une belle vue du village tout entier. Ce village est bâti à l’extrémité, assez obtuse, d’une longue pointe qui termine à l’est une grande baie formant un vaste bassin. Dans le cours des siècles, la puissante République canadienne-française, qui n’est encore qu’à l’état de chrysalide, aura là l’un de ses ports importants, pour ses navires de commerce et surtout pour sa marine de guerre. La population des pêcheurs du golfe, ce sera la pépinière inépuisable qui fournira d’incomparables marins à nos cuirassés, à nos croiseurs, à nos torpilleurs. Ces gens-là travailleront pour l’histoire, et l’on verra les jeunes Francs de l’Amérique renouveler les glorieuses prouesses de