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Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/306

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LABRADOR ET ANTICOSTI

donné, ils rembarquèrent leurs bestiaux, levèrent l’ancre, hissèrent de nouveau les voiles, et se dirigèrent vers l’endroit dont nous venons de parler, où ils arrivèrent le mercredi 10 juin, vers midi. Aussitôt après leur arrivée, ils débarquèrent leurs effets, et édifièrent à la hâte quelques cabanes sous lesquelles ils devaient passer une partie de l’été.

« Comme la saison de la pêche approchait, les vieillards, au nombre de quatre, demeurèrent à terre avec les femmes et les enfants, tandis que la goélette, montée par les jeunes gens sous le commandement de Nathaël, partit pour aller pêcher à la rivière Sheldrake. Mais, arrivée à l’entrée de cette rivière, un coup de vent de S.-S.-E. assaillit la malheureuse goélette et la jeta à la côte, où elle fut brisée en pièces. Deux hommes vinrent en barge apporter cette triste nouvelle à ceux qu’ils avaient laissés à la Pointe, après quoi ils retournèrent rejoindre leurs compagnons à Sheldrake, où heureusement l’on réussit à faire une assez bonne pêche. Ils vendirent leur morue à une Compagnie jersiaise établie en ces lieux, et s’en revinrent à la Pointe vers la mi-août.

« Le 29 juin, le R. P. Arnaud vint rendre visite aux nouveaux habitants de cette localité, et ne cessa pas un seul instant de les encourager dans leur nouvelle position. Il y célébra la première messe, fit élever une grande croix au pied du coteau où l’on devait plus tard bâtir une chapelle, et mit cette nouvelle Mission sous le patronage des saints apôtres Pierre et Paul[1].

« Vers la fin du mois d’août, le vapeur Clyde, de la ligne « Anchor », fit naufrage sur les îles aux Perroquets de Mingan. Certains débris de ce naufrage, recueillis par les nouveaux colons, contribuèrent un peu à les dédommager des pertes récentes qu’ils avaient faites.

  1. « J’ignore la raison pour laquelle la paroisse est toujours demeurée sous le vocable de saint Pierre seulement. Serait-ce oubli de la part des premiers missionnaires qui ont desservi la Mission, ou de la part du R. P. Arnaud lui-même qui ne leur aurait pas fait connaître la décision qu’il avait prise d’abord ? Car c’est lui-même qui m’a dit qu’il avait mis la Mission sous le vocable de ces deux saints. »