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POINTE-AUX-ESQUIMAUX

concours qu’à ce titre ou recevrait du gouvernement, les choses iraient ensuite toutes seules.

Mais le moment était bien choisi pour parler d’École industrielle au gouvernement de Québec ! Précisément, à cette époque, le programme ministériel était de soumettre les maisons de ce genre au régime du minimum. Et puis, la loi exigeait que l’on remplît tant de conditions et de formalités avant que l’on pût en ouvrir les portes aux enfants que l’on voulait y faire instruire, que cela équivaudrait, pour ce qui est du Labrador, à n’y admettre à peu près personne. Or, c’est une fâcheuse situation, pour une école, que de ne pouvoir recevoir des élèves ! Donc, malgré la bonne volonté que pourrait montrer le gouvernement, il n’y avait rien à faire de ce côté.

Il ne restait plus qu’une solution : donner au couvent de la Pointe-aux-Esquimaux le caractère d’une École de Réforme, institution d’accès beaucoup plus facile, et qui, au fond, tend au même but. Il est vrai que, au Labrador, il s’agissait bien plutôt de former, que de réformer…, mais quand il ne tient plus qu’à une syllabe de plus ou de moins qu’une affaire n’aboutisse, on est bien près de réussir. On aurait donc une École de Réforme subventionnée par le trésor public. Et il fut convenu que ce paternel gouvernement, sans complètement s’endormir, fermerait du moins les yeux aux trois quarts, et surtout ne se servirait jamais de lunette, si ce n’est par le gros bout, pour examiner si, au Labrador, on observait très rigoureusement toute la lettre de la loi concernant les Écoles de Réforme. En tout cas, on aménagea le couvent pour sa nouvelle destination, et l’institution s’ouvrit avec une assistance de douze élèves, fillettes venues de divers endroits de la Préfecture. L’année suivante, ce nombre fut porté à vingt. En même temps, les 120 enfants de l’arrondissement scolaire recevaient aussi l’instruction des bonnes Sœurs. Les examens rendirent excellent témoignage de la valeur de l’enseignement donné par les religieuses.

Cependant les familles les plus aisées de la Préfecture demandaient avec instance qu’il y eût au Couvent un pen-