catholique. Cet état des choses détermina les supérieurs à faire passer une partie de leurs sujets en Amérique. Le diacre Babel fut du nombre des huit Oblats qui s’embarquèrent ainsi à Liverpool sur un voilier chargé d’émigrants, qui mit un mois entier à traverser l’Atlantique et prit terre à New-York, à la fin de mars 1851. Le 30 du même mois, notre diacre arrivait à Montréal, et dès le lendemain on le faisait partir, en voiture d’hiver, pour Bytown — le futur Ottawa — où il devait finir ses études théologiques. Il y fut ordonné prêtre le 27 juillet suivant.
Au commencement de septembre, on l’envoie au Saguenay où il doit s’initier à la vie du missionnaire. Mais au bout de trois ou quatre semaines passées, avec le P. Durocher, à Saint-Alexis de la Grande-Baie, le jeune Oblat reçoit instruction d’aller rejoindre le P. Arnaud sur la Côte Nord. Celui-ci vient au-devant de son confrère jusqu’à Tadoussac, et tous deux gagnent la résidence des Escoumins.
Comme on a dû le remarquer, il y a plusieurs points de ressemblance dans la première partie de la carrière des PP. Arnaud et Babel, venus tous deux sur la Côte Nord à une année de distance. La suite de leur vie n’offre pas moins de similitude. Et voilà quarante-six ans que les deux missionnaires travaillent ensemble dans la même partie du champ du Seigneur !
Mais voyons un peu quelle fut l’œuvre des deux missionnaires dans la partie ouest du comté de Saguenay, de 1851 à 1862, où ils étaient les seuls prêtres chargés de desservir tout le territoire qui s’étend depuis l’anse Saint-Jean, sur la rivière Saguenay, jusqu’au fond du Labrador. Une lettre du P. Babel, inédite encore, donnera au lecteur quelque idée de leur travail.
« Les hivers, a écrit le P. Babel, étaient consacrés à la partie comprise entre l’Anse-Saint-Jean et Papinachois[1] ; et, comme nous n’avions dans tout ce parcours que trois vieilles chapelles sauvages et celle des Escoumins, nous transportions
- ↑ C’est le pays de Betsiamis que l’on désignait autrefois par ce nom de Papinachois (A).