que toute la côte est habitée par des pêcheurs. On sait ce que c’est, des pêcheurs ! On a lu des romans et des récits de voyage ! De braves gens, sans doute, les pêcheurs. C’est courageux et dur à la fatigue. Mais, vous savez, c’est pas mal borné, et pas beaucoup civilisé. Ça habite de pauvres cabanes. La classique cabane de pêcheur !
Il est possible que, dans certains pays, la condition des pêcheurs soit en effet des plus misérables. Mais à coup sûr il n’en est pas ainsi sur la Côte Nord, et je ne vois pas en quoi la population de ce territoire est beaucoup inférieure aux autres classes ouvrières du Canada.
En premier lieu, il est agréable de constater que cette partie du pays est aussi française que les autres régions de la Province de Québec. Il n’y a là qu’un très petit nombre de familles de race étrangère, et encore le travail d’assimilation est visible chez ces familles, noyées qu’elles sont dans un milieu si français.
Cette population de la Côte Nord se compose de Canadiens-Français et surtout d’Acadiens, qui y entrent bien pour les quatre-cinquièmes. Comme on l’a vu en d’autres endroits de cet ouvrage, ces Acadiens sont venus soit des îles de la Madeleine, et c’est le cas du plus grand nombre, soit de la Gaspésie.
Les Acadiens formant le gros de la population, il n’est pas surprenant que le patois acadien soit la langue dominante sur la Côte. Il s’y mêle bien quelques mots anglais plus ou moins défigurés, mais cela n’est pas pour nous faire jeter les hauts cris, à nous, Canadiens-Français, qui n’avons pas sur ce point la conscience tout à fait immaculée. Aussi ce n’est pas là ce qui nous surprend le plus, les premières fois que nous conversons avec ces Acadiens.
Qualifier leur langue de patois, c’est trop dire, sans doute. Car c’est le français qu’ils parlent, et je crois qu’ils le prononcent mieux que nous. En tout cas, ils le prononcent souvent