autrement que nous, et voilà ce qui nous embarrasse un peu dès l’abord. En outre, certains groupes ont un accent qui rappelle beaucoup celui des Méridionaux de France, et cela complique fortement la situation. Mais l’apprentissage se fait assez rapidement, et l’on jouit ensuite du pittoresque de ce langage.
Ce n’est pas ici le lieu de faire une étude spéciale des différences qui existent entre le langage acadien et le nôtre. Je citerai cependant, pour en donner quelque idée, certaines particularités qui nous étonnent.
Nos pères disaient : j’avons, pour « nous avons ». Les Acadiens disent : j’ons. Au lieu de : « nous avons été à Québec », vous les entendrez dire : j’ons été à Québec. — Ils aviont, pour « ils ont », revient souvent aussi.
Les terminaisons en « ais », ils leur donnent, comme à Paris, le son de l’é fermé. Ils prononcent donc : je vené, les Anglé pour « je venais », les « Anglais ». — Les ê subissent le même sort : la péche, au lieu de : « la pêche ».
Eux et nous, sommes en parfait désaccord sur la question des « a ». Ils disent, avec l’a grave : châque ânnée ; et, avec l’a aigu : espace, sable, cadre.
Quant à la diphtongue « oi », ils lui donnent tantôt le son de l’a grave, tantôt celui de l’a aigu. Ils prononceront donc : trop foâ, pour « trois fois » ; droâ, pour « droits » ; moâ, pour « moi ». Quant au mot « fois », ce n’est pas toujours : foâ, c’est aussi : foé, comme disaient nos anciens.
Ces particularités de langage se modifieront en un certain degré, à mesure que les écoles se multiplieront sur la Côte. Et l’on fait preuve d’un zèle signalé pour en établir partout. L’Église et l’État se donnent heureusement la main pour y favoriser autant que possible la diffusion de l’instruction. La grande difficulté, surtout dans les premiers temps, c’était de