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Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/414

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LABRADOR ET ANTICOSTI

trouver des titulaires pour occuper toutes les chaires d’enseignement que l’on voulait ériger. Qu’on imagine s’il était bien facile de décider une institutrice de Québec ou d’ailleurs à s’embarquer pour le pays lointain du Labrador, dont l’on s’effrayait en proportion de ce qu’on le connaissait peu ! Il y a eu pourtant, en cette matière, d’admirables dévouements. En tout cas, la fondation d’un couvent, à la Pointe-aux-Esquimaux, est venu porter remède à une situation si difficile. Et quand même l’ancien préfet apostolique, Mgr Bossé, n’aurait rendu à la Préfecture d’autre service que l’établissement de cette maison d’éducation, il faudrait encore rendre hommage à son dévouement. Non seulement on prépare à la Pointe-aux-Esquimaux des sujets pour l’enseignement, mais aussi, depuis qu’un bureau d’examinateurs est établi au même endroit, la conquête du diplôme d’enseignement s’y fait dans les mêmes conditions qu’ailleurs, et cela n’est pas d’un petit avantage. Car, pour nos contemporains, il ne saurait y avoir aucune garantie sérieuse de quoi que ce soit, si le parchemin officiel, revêtu d’autant de sceaux qu’il est possible, ne l’atteste solennellement. Pour peu que cela continue, nous verrons un temps où personne ne pourra prétendre à cirer les bottes de ses concitoyens, si un jury constitué par l’État n’a au préalable constaté sa compétence en ce métier.

Ce qu’il faut retenir, concernant la question scolaire sur la Côte Nord, c’est que la population s’y montre zélée, comme dans les autres parties de la Province, pour faire instruire les enfants. Les pêcheurs apprécient comme tout le monde l’avantage de savoir lire et écrire. Seulement, pas plus que les autres habitants de l’univers, ils n’ont le secret d’accomplir ce qui est impossible. Par exemple, que faire quand l’on n’a pu trouver une institutrice qui consente à venir tenir une école dans tel poste éloigné ? J’ai vu, dans ce cas, le missionnaire pousser le dévouement jusqu’à se faire lui-même l’instituteur des enfants de l’endroit. Mais ce moyen n’est pas habituellement praticable, malgré la meilleure volonté du monde. Que faire, encore,