J’ai passé la nuit, quelquefois, dans des chambrettes de mansardes, dont l’air n’avait jamais été renouvelé depuis que la maison avait été construite. Dame Hygiène, toujours grondeuse, ne manquait pas de protester énergiquement contre de telles violations de ses principes ; et elle avait bien raison.
Pas de luxe non plus dans l’ameublement des maisons. Les riches tentures, les tapis de valeur, les meubles précieux, on n’en trouve point dans ces demeures. Mais on a le nécessaire, et quelquefois le confortable. Il y a toujours, comme dans nos maisons canadiennes, ce qu’on appelle la « chambre ». On voit là plus de recherche. Des tapis de fabrication domestique recouvrent le plancher ; il y a dans les fenêtres des rideaux bien propres ; sur la table, sur la commode et sur les corniches, des photographies, des coquillages et tous les bibelots accoutumés ; sur les murailles, quelques images de saints. Parfois, un canapé complète fort bien l’ameublement. Voyons ! N’est-ce pas là la « chambre » que nous avons connue dans nos familles, que l’on tenait toujours fermée, quand l’on n’avait pas de visites ; fermée surtout aux enfants, qui auraient pu en un clin d’œil y causer des désastres ; encore bien plus interdite aux mouches dont le manque de savoir-vivre est fort connu ?
Disons enfin que généralement les habitations de la Côte Nord ressemblent assez, pour l’intérieur, aux maisons des cultivateurs de nos campagnes.
L’éducation domestique que l’on donne aux enfants rappelle aussi beaucoup celle que nous avons reçue de nos bonnes mères. Ce sont bien les mêmes qualités d’amour de l’ordre, de politesse et de délicatesse des manières que l’on rencontre chez la mère de famille acadienne. Plus d’une fois il m’a été donné d’assister là-bas à des scènes d’intérieur tout à fait charmantes. L’influence du Couvent de la Pointe-aux-Esquimaux, qui à la longue se fera sentir sur toute la Côte, ne pourra que déve-