capricieux, et à moins de l’avoir joliment pratiqué, il est dangereux de s’y aventurer.
Au poste de Saint-Augustin, sur la terre ferme, il y a un comptoir de la Compagnie de la baie d’Hudson ; et c’est là que les Montagnais, qui font la chasse en remontant le cours de la rivière sur une distance d’une centaine de milles, viennent trafiquer leurs fourrures.
Il y a bien une quarantaine de personnes qui résident à Saint-Augustin, au moins durant l’hiver ; car tout le monde va passer l’été sur les îles, où même une couple de familles restent toute l’année.
Bonne-Espérance. — De la rivière Saint-Augustin à Bonne-Espérance, il y a environ 45 milles à parcourir. Cette partie de la côte qui sépare les deux postes est loin d’être inhabitée. Au contraire, un bon nombre de familles sont fixées dans les différents postes intermédiaires dont je signalerai quelques-uns.
Canso se trouve à dix milles de Saint-Augustin.
La baie de Shécatica fut visitée par Jacques Cartier à son premier voyage. Dès le seizième siècle, il y eut là un établissement de pêche. On arrive à cette baie, ajoute l’abbé Ferland, « par un canal de deux ou trois milles, si profond que les plus gros vaisseaux y flotteraient à l’aise, et si étroit que souvent il ne paraît pas avoir plus de cent pieds de largeur. On dirait une immense fissure produite dans le roc par quelque convulsion de la nature. » Un cataclysme ! Quand on aura fini de prouver l’existence de celui auquel on prétend que la rivière Saguenay doit sa formation, il sera temps de saisir l’attention du monde savant du cataclysme de la Shécatica. Car c’est bien assez d’un cataclysme à la fois pour passionner les gens.
Au delà de la baie de Shécatica, la chaîne des îles qui bordent la côte est interrompue durant quelques lieues, et la mer y est mauvaise : cela prouve bien ce que l’on a lu précédemment de l’utilité de cette barrière qu’opposent les îles aux agitations de la haute mer, et qui assure aux petits vaisseaux une navigation facile.