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Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/493

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GENS ET CHOSES DU LABRADOR ORIENTAL

première conquête fut l’estime universelle ; elle a quarante ans : il en jouit encore et elle lui survivra. C’est l’homme de tous et à tous : on l’appelle avant qu’il arrive, on le regrette quand il est parti. Dieu seul connaît tout le bien que le Capt. Blais a fait aux missions du bas Labrador, et cette pensée paraît suffire au brave homme. Je veux bien respecter ses préférences sur ce point. Mais passer sous silence la bonté, la générosité, les délicates prévenances que le Capt. Blais prodigue aux missionnaires de la Côte Nord
CAPT. NARCISSE BLAIS
depuis tant d’années, c’est un sacrifice que je ne veux pas imposer à ma reconnaissance C’est le vrai type du marin, que ce beau et robuste vieillard aux grands cheveux si blancs, au caractère jovial, franc et généreux. Livre tout grand ouvert, le Capt. Blais est vite connu, aussitôt et toujours estimé… Bien de plus intéressant que de le voir à l’œuvre sur son bâtiment par les temps orageux. Alors on suit avec un intérêt palpitant l’action de la bravoure unie à la prudence et à l’habileté d’un vieux loup de mer. Le bas Labrador n’a plus de secrets pour lui : les personnes, les havres, les mouillages, les îles, les récifs submergés qui sont légion dans ces parages, le comportement de tous les vents et courants à chaque endroit, tout lui est familier, il sait tout par cœur[1]. Aussi peut-on voguer sans crainte à bord de la Stadacona : j’en ai fait l’expérience. »

  1. C’est grâce au Capt. Blais que j’ai pu donner les distances qu’il y a entre les postes du Labrador de l’est. (A.)