et des provinces maritimes, qui ne le savent que trop bien — qui sait que nous avons là, à notre porte, une immense étendue de côtes où les pêcheries sont d’une richesse presque inépuisable ? Qui n’ignore absolument que, sur ces rivages septentrionaux du golfe, agonisent les derniers restes d’un peuple sauvage jadis puissant, qui fut constamment le fidèle allié de nos ancêtres les Français, dont nous avons payé la dette de reconnaissance en convertissant à la vraie foi tous ces descendants des guerriers d’autrefois ?
Et ce n’est pas la faute des Canadiens s’ils ne sont pas plus renseignés sur ce grand pays du Labrador. Que trouve-t-on, en effet, dans nos bibliothèques au sujet de ce territoire ? Depuis quarante ans, on relit le court récit du voyage de l’abbé Ferland au golfe Saint-Laurent, récit où il n’est question que du Labrador de l’est, qui ne comptait pas alors le tiers des hameaux que l’on y voit aujourd’hui. Depuis vingt ans, Faucher de Saint-Maurice nous parlait de ses promenades dans le bas du fleuve ; mais ce conteur agréable, s’occupant assez peu du Labrador d’aujourd’hui, se bornait presque à puiser dans les annales du passé et à rappeler le souvenir des expéditions navales et des naufrages célèbres des siècles précédents. Il y avait encore quelques rapports de peu d’étendue, comme ceux de MM. J.-U. Gregory et D.-N. Saint-Cyr, qui ne traitaient que d’un petit nombre des localités du Labrador.
C’était là toute la littérature labradorienne.
D’autres territoires, importants et peu connus, de la province de Québec, avaient cependant trouvé leur historien, leur panégyriste, leur peintre. Il est bien interdit, n’est-ce pas ? d’ignorer désormais l’histoire et les ressources du