La géologie et la minéralogie sont ses sciences favorites, mais au point de vue spécial du Labrador canadien. Car c’est l’homme du Labrador ; il sait son Labrador par cœur ; le Labrador est son idée fixe : il voudrait qu’on n’eût d’yeux et d’oreilles que pour le Labrador. Tous ses écrits sont consacrés à le faire connaître ; et son ouvrage : Vingt ans au Labrador, qu’il a encore en portefeuille, remplira encore mieux ce but qui lui est cher.
M. de Puyjalon a déjà passé plusieurs années entières sur la côte du Saint-Laurent. S’il n’y réside plus en permanence, du moins jusqu’à ces dernières années il y passait tous les étés. Accompagné d’un domestique et pourvu d’une ou deux petites embarcations, il allait dresser sa tente successivement aux différents postes, étudiant les productions et les ressources minières de tous les endroits. Ce sport, si c’en est un, en vaut certes bien d’autres ! Toujours est-il qu’il adorait ce genre de vie un peu sauvage. Je lui ai fait visite dans son habitation de toile blanche, et je dois avouer que j’ai eu la tentation de porter envie au maître de céans !
Je ne voulais pas quitter Godbout sans faire mes débuts dans l’art de la photographie. En effet, j’avais résolu de me faire photographe durant ce voyage. Livernois, l’artiste que l’on sait, m’avait vendu un bijou de kodak. Cet instrument, de création récente, est tout petit et se loge modestement dans un coin de votre sac de voyage. À deux reprises, une obligeante employée du fameux photographe de la rue Saint-Jean, m’avait donné des leçons de kodak ; un manuel spécial, de langue très britannique, devait au besoin résoudre mes difficultés, assurer enfin mes premiers pas. Au moment de me servir de l’instrument, j’avais, naturellement, tout oublié. Je ne comprenais plus rien, ni au kodak ni au manuel… J’aurais été vraiment bien avancé à la fin de la saison, s’il m’était arrivé, par exemple, la même aventure qu’à M. de Puyjalon. L’an dernier, me racontait-il avec une