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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/190

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l’abbé Ferland aux femmes de la Côte-Nord, s’applique également à celles des Îles d’où elles venaient. Ainsi, ces modestes foyers renfermaient beaucoup de bonheur. Que peut-on désirer de plus ? De mendiants, point. Quand l’un d’eux, par maladie, incendie ou désastre maritime, était réduit à la mendicité, ses voisins faisaient le tour de la paroisse et lui recueillaient assez de vivres et vêtements pour le tirer de sa mauvaise position. Entre eux régnait cette fraternité chrétienne que l’on rencontre ordinairement entre les membres d’une même famille. Le morceau du voisin a toujours été de rigueur quand on fait boucherie. D’ailleurs, les liens de parenté qui les unissaient, l’isolement, leur genre de vie, l’égalité de leur condition sociale et surtout la pratique sincère de leurs devoirs religieux, tout contribuait à les faire vivre en bonne harmonie et charité parfaite. Sans doute qu’il s’élevait parfois des contestations, des disputes bruyantes, causées par la jalousie et la médisance, mais les conseils du prêtre ou ceux d’un vieillard[1] avaient vite calmé et rasséréné les esprits et les cœurs ; et aussitôt, sans rancune, ils étaient tout prêts à se rendre service comme par le passé. Tous ceux qui les connaissent se plaisent à remarquer leurs heureuses dispositions natives à la tranquillité et à la paix. Quand on sentira le besoin d’une prison, ce ne sera pas pour les Madelinots, mais pour les étrangers qui fréquentent ces lieux et y propagent le mépris des lois divines et humaines. Avec tout un régiment de circonstances atténuantes, ne vous semble-t-il pas qu’on peut sans scrupule excuser quelques petites taches au tableau ? Il y en a bien dans le soleil ! C’est ce que dit Baddeley quand il demande de l’indulgence à leur endroit, « car

  1. Alex. Thériault, qui avait une bonne instruction et une force herculéenne, remplit les fonctions de juge local pendant de longues années. Sa sentence était toujours finale et malheur à qui aurait voulu en appeler de son jugement.