Aller au contenu

Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 214 —

FAUSSE LÉGENDE

L’annexion des Îles de la Madeleine au gouvernement de l’Île du Prince-Édouard, agitée dès 1787, fut ressassée jusqu’en 1845, alors qu’une cour de justice fut établie sur ces îles. Le 16 avril 1840, une clause avait été insérée dans un projet de loi présenté au gouvernement du Bas-Canada pour séparer les Îles de la Madeleine de cette province et les rattacher à l’Île du Prince-Édouard. Ces démarches réitérées, cette insistance sur une question aussi futile aux yeux des Québécois éveillèrent enfin leur attention et ils s’aperçurent que ces îles n’étaient pas si ardemment convoitées, aux seules fins d’y installer la justice et de donner la paix à leurs habitants. Maître des I. M., le gouvernement de l’Î. P.-E. en aurait retiré de grands bénéfices, car les poissons de toutes sortes y abondaient, mais hélas ! ils étaient follement gaspillés. Organisées et disciplinées, ces îles auraient arrondi considérablement le budget de leur pauvre voisine. En 1838, leur exportation s’élevait à 10,000 livres sterling, malgré le primitif et trop élémentaire outillage des pêcheurs et la nuisance considérable des Américains. Ceux-ci énergiquement tenus à l’écart et ceux-là protégés et outillés, les rendements auraient beaucoup augmenté et fourni au commerce canadien une source inépuisable de revenus immenses. Pour arrêter et apaiser les envieux, on promit de s’occuper activement de la question. C’est alors qu’on y implanta une cour de justice… chancelante et mal administrée.

Dans cette campagne, on représentait les Madelinots comme des révolutionnaires anti-britanniques de la plus belle eau. L’Amiral Coffin et certains personnages officiels défigurèrent tellement les choses que ces gens passèrent pour des pirates et des brigands, se moquant