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tholiques, apostoliques et romaines, ou une seule de quatre-vingt familles. ».

Sans considérations pour les droits de Denys, la Compagnie de la Nouvelle-France de concert avec celle de Miscou concéda les îles de la Madeleine et de Saint-Jean à François Doublet de Honfleur, le 19 janvier 1663.[1] Cette concession souleva une vive opposition de la part des armateurs bayonnais. Un sieur Pierre de Peyrelongue, bourgeois de Bayonne, exposait dans sa protestation qu’en 1659, ayant envoyé à l’île de la Madeleine un navire équipé de 18 hommes pour hiverner, il avait bâti des maisons dans l’île et il en avait joui paisiblement jusqu’alors. Il réclamait en conséquence le remboursement de ses frais et avances.[2]

En effet, quand le Sieur Doublet arriva dans l’île à la mi-mai 1663, il trouva une vingtaine de Basques qui y avaient hiverné avec le Sieur Dantès de Bayonne et « qui avoient bien réussy a la pesche des loups marins soubs la recommandation de M. Denis. Ils atendoient leur navire comandé par le capitaine Jean Sopite de Saint-Jean-de-Luz qui devoit leurs aporter des vivres et faire pendant l’esté sa pesche des morues et emporter leurs huilles qu’ils avoient faittes. »

Celui qui raconte ce fait est le fils de François Doublet, Jean, qui, n’étant âgé que de sept ans et trois mois, conçut le dessein de faire le voyage avec son père, se cacha « entre ponts dans une cabane » et se couvrit « pardessus la teste pour n’estre pas veu. » Quand le contre-maître, Jean L’Espoir, alla se coucher, il le trouva dans sa cabane et alla le porter à son père qui le gronda fort et lui dit qu’il le renverrait au pays s’il trouvait une occasion. Mais n’en trouvant pas, le petit

  1. Voir appendice II
  2. Bréard p. 136, La Nouvelle-France : Dionne p. 147 (1891)