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Jean fit le voyage. C’est grâce à cette aventure du jeune mousse que je possède tous les détails de l’expédition du Sieur Doublet : la première tentative de colonisation aux Îles de la Madeleine[1].

Dès le commencement de l’été 1662, Doublet fut dépêché en Hollande pour acheter un navire et le matériel nécessaire à cette entreprise. Et, quand les lettres patentes arrivèrent, il était déjà prêt à partir avec deux navires : le Saint-Michel (400 tonneaux), sous son propre commandement, et le Grenadier (150 tonneaux) confié au capitaine Bérangier. L’armement de ses navires fut fait avec beaucoup de précautions. Outre les équipages, 25 hommes furent engagés pour hiverner et tuer les loups-marins au commencement du printemps. On apportait aussi « plusieurs outils de charpente et autres propres pour défricher les terres et pour travailler à la pesche des morues et des loups-marins. »

Fransçois Doublet était apothicaire à Honfleur. Âgé de cinquante ans, « se voyant un grand nombre d’enfants, restant encore seize bien vivants, et en état avec son épouse d’augmenter, n’ayant ensemble que médiocrement des biens en fonds et sa profession pour pouvoir élever une assez nombreuse famille, (il) se détermina de s’intéresser dans une grande entreprise d’une société avec des Messieurs de Paris et de Rouen,

  1. Voir Journal du Corsaire Jean Doublet de Honfleur, Lieutenant de frégate sous Louis XIV, publié d’après le Manuscrit Autographe avec introduction, notes et additions par Charles Bréard.

    Jusqu’en 1663 Brion, Ramea ou Araynes étaient les seuls noms qui servaient à désigner ce groupe d’îles ; Doublet obtient du Roi la permission de changer ces noms en celui de la Madeleine, du nom de sa femme ; c’est donc depuis 1663 que nos Îles portent le nom de Madeleine. Brion toutefois a été maintenu pour désigner l’île découverte par Cartier et qu’il appela ainsi du nom de son insigne protecteur. Cependant sur une carte de Champlain, 1632, La Magdeleine est donnée à l’île du Hâvre-Aubert.