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« Sur la fin de may arriva au port le navire du capitaine Sopite, » qui parut très surpris de voir ces gens ainsi établis. Doublet lui déclara que pour cette année, il l’autoriserait à faire la pêche à la morue seulement, qu’ensuite il devrait se retirer, à moins qu’il ne consente à donner un tiers des huiles faites durant l’hiver. Sopite ne s’en tint pas à cela ; il expédia son fils à Canseau rapporter cette nouvelle à Nicolas Denys. Ce dernier se transporta immédiatement aux Îles de la Madeleine, « usa de menaces et puis fit plusieurs protestations et procès-verbaux et s’il n’avoit esté beaucoup inférieur en force d’hommes on en seroit venu aux mains » ; mais Doublet lui « représenta qu’il falloit examiner les statuts d’un chacun et se rendre justice à qui aurait plus de fondement. » Le tout examiné, il fut convenu que les « gens basques qui hiverneroient donneroient le tiers de leurs huilles. » Denis s’en retourna, laissant son adversaire en paix. Mais la pêche ne fut pas merveilleuse parce qu’on avait perdu beaucoup de temps à s’installer, à choisir le lieu de la future habitation, etc., si bien que les deux navires n’avaient guère plus d’un tiers de charge. On s’encouragea toutefois pour l’année suivante à cause des huiles qu’on espérait faire au printemps. À la fin d’août on termina l’habitation, qui fut renchaussée et bien protégée contre les vents et le froid. Puis à la fin de septembre, le Saint-Michel et le Grenadier firent voile vers la France, laissant Gaignard et ses hommes dans la nouvelle habitation. Ils arrivèrent à Honfleur les derniers jours de décembre.

François Doublet nourrissait de grandes espérances. Il raconta son expédition avec enthousiasme et s’associa deux marchands de Rouen : François Gon, sieur de Quincé et Claude de Landemars. Puis il se mit en frais de rééquiper ses deux navires pour partir au commencement de mars 1664.