La traversée fut difficile et il n’atteignit les Îles de la Madeleine qu’à la mi-juin. Les pieds lui brûlaient d’arriver, afin de ne pas manquer de nouveau la saison de pêche et pour constater les succès que ses gens avaient eus à la chasse aux loups-marins. Il tira du canon pour annoncer son arrivée et saluer les insulaires, mais en approchant de la côte, il fut tout surpris de n’y voir aucun signe de vie. Ayant mis ses navires à l’ancre, il dépêcha deux hommes à l’habitation pour avertir Gaignard et lui dire qu’on apportait de bonnes choses de France. Mais les deux hommes trouvèrent l’habitation vide, les portes ouvertes et trois à quatre pieds de neige, accumulés par les vents d’hiver. Quels ne furent pas l’étonnement et la consternation du sieur Doublet en apprenant ce désastre. Que penser ? que dire ? Il n’y avait plus de Basques, non plus. On était en face de ruines irrémédiables dans les circonstances. Doublet crut donc sage de ramasser tout ce qui restait d’utile et d’abandonner cette entreprise « qui avoit donné lieu à de bonnes espérances. » Ne trouvant presque pas de morues, il résolut d’aller à l’Île Percé. Il y rencontra le capitaine Sopite qui lui expliqua l’énigme de la Madeleine. « Je suis passé avant vous aux Îles, je n’y ai rien trouvé, moi non plus. J’ai appris ici que vos gens passaient leur temps à jouer et à s’enivrer tous les jours, et, les provisions épuisées, ils pillèrent les Basques et tous s’embarquèrent sur leurs chaloupes de pêche pour monter à Québec. »
C’est ainsi que finit misérablement la belle entreprise du sieur François Doublet pour coloniser les Îles de la Madeleine, la perle du golfe.
Nicolas Denis n’a pas autant fait que Doublet pour le développement de l’archipel ; il n’a même pas essayé d’y établir une colonie. Il les visita néan-