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Et depuis la mort du Sauveur sur la croix, la souffrance du juste a quelque chose de divin. Ce sera la gloire de l’Acadie française d’avoir donné aux nations du globe l’exemple de la plus amère souffrance dans la plus parfaite justice, et d’avoir été, comme le divin Maître, crucifiée. La vertu de son sacrifice échappe à nos supputations humaines. Qu’il nous suffise de savoir que pas un atôme n’en sera perdu[1] ».

ORGANISATION ET POPULATION

Quand nous avons quitté les Îles de la Madeleine pour aller chercher à son origine le principal noyau de sa population, l’Américain Gridley en était le seigneur ; il avait réorganisé et agrandi ses huileries et bâti, à la Grande Échouerie, cinq maisons habitées par une douzaine de familles. Une centaine de personnes : hommes, femmes et enfants, hivernaient dans l’archipel, dont un bon groupe au Havre-Aubert.

C’est particulièrement en ce dernier endroit que campèrent les nouveaux immigrés, car il était le mieux organisé, le plus capable d’héberger un tel surplus de population et de fournir un bâtiment propre à servir de chapelle. Probablement qu’il y avait déjà eu une chapelle dans cette localité puisque vers 1774 l’abbé Thomas-François LeRoux arriva aux Îles, y demeura huit ans,[2] et les quitta en 1782 pour se rendre à Memramcook. De 1782 à 1792, l’abbé William Phelan, curé d’Arichat allait les visiter durant la belle saison. Si l’abbé LeRoux a tenu un registre, celui-ci est perdu. D’après monsieur Placide Gaudet, l’archiviste national, ces précieux documents historiques auraient été réduits en cendres avec ceux de Memramcook. En tous cas,

  1. Henri d’Arles : La Tragédie Acadienne, p. 29.
  2. Placide Gaudet : résultat de deux ans de recherches.