Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/108

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rituel chinois. Le commissaire impérial, le vice-roi et, plusieurs autres hauts fonctionnaires visitèrent la maison, examinant surtout avec curiosité les objets d’Europe, les horloges, les peintures, les cartes de géographie, plusieurs instruments de physique et d’astronomie dont on leur expliquait l’usage. Le cabinet du P. Ricci, ou il y avait une riche bibliothèque de livres européens et chinois, excita particulièrement leur attention. Enfin, ils allèrent s’asseoir dans une galerie qui regardait le fleuve, et s’entretinrent un instant avec les missionnaires des hommes et des choses des contrées occidentales. Ces magnifiques mandarins, enchantés et ravis de ce qu’ils avaient vu et entendu chez les barbares, leur adressèrent des paroles pleines de bienveillance et des témoignages du plus vif et sans doute aussi du plus sincère intérêt. Ils s’en retournèrent ensuite pompeusement à bord de leurs jonques, toujours accompagnés par les flots de la multitude et par la musique assourdissante des tam-tam, des hautbois et des pétards. Le commissaire impérial continua sa navigation, le vice-roi rentra dans son palais, et les amis des missionnaires s’empressèrent d’aller les féliciter de l’insigne honneur qu’ils venaient de recevoir.

Une telle visite n’avait pas manqué de produire dans la ville une grande sensation. Ces religieux étrangers, si souvent molestés et dont la position paraissait hier si précaire, étaient aujourd’hui des hommes considérables. Aussi, chacun se vantait d’être de leurs amis. Les avenues de leur habitation étaient encombrées de palanquins, car tous les fonctionnaires civils et militaires se croyaient en quelque sorte tenus