Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/123

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-Tcheou. En sortant de Nan-Hioung, ils commencèrent à gravir les flancs âpres et escarpés du Meï-Ling, qui sépare la province de Canton de celle de Kiang-Si. Nous avons eu occasion de franchir plusieurs fois cette montagne, sillonnée de nombreux chemins qu’on ne se donne pas la peine de choisir, parce que tous présentent à peu près les mêmes difficultés. Cette multiplicité de sentiers vient du nombre considérable de voyageurs et de portefaix qui sont obligés de franchir cette montagne. C’est en effet le seul passage pour toutes les marchandises que le commerce de Canton déverse continuellement dans les provinces intérieures de l’empire. On ne peut voir, sans éprouver un serrement de cœur, tous ces malheureux, chargés d’énormes fardeaux, se traîner péniblement sur ces routes tortueuses et presque perpendiculaires. Ceux que la misère condamne à ces travaux forcés, vivent, dit-on, peu de temps. Cependant lorsque nous traversâmes le Meï-Ling, en 1852, nous remarquâmes parmi ces longues files de portefaix quelques vieillards courbés sous leur charge, et pouvant à peine soutenir leur marche chancelante. De distance en distance on rencontre des hangars en bambou, où les voyageurs vont se mettre à l’ombre, boire quelques tasses de thé et fumer une pipe de tabac pour se donner un peu de courage. On voit au sommet de la montagne une sorte d’arc de triomphe en pierre, ayant la forme d’un immense portail ; d’un côté finit la province de Canton et de l’autre commence celle de Kiang-Si.

Après avoir traversé le mont Meï-Ling, on pénètre dans la province de Kiang-Si en suivant le cours du fleuve Kan, fameux par ses nombreux récifs et par