Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/167

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à Macao les curieux récits du P. Cataneo. Un homme qui arrivait de Péking, qui avait navigué sur le canal Impérial, sur le fleuve Jaune, sur le fleuve Bleu, qui avait séjourné à Nanking au pied de la fameuse tour de porcelaine, et s’était trouvé en relation avec les six cours souveraines de l’empire, un homme enfin qui venait de traverser la Chine d’un bout à l’autre, ne pouvait manquer d’exciter au plus haut point l’intérêt de ses compatriotes. À cette époque, les colonies européennes qui se formaient, dans toutes les parties du monde, n’étaient pas uniquement soucieuses de trafiquer et de gagner de l’argent. La question religieuse les préoccupait vivement ; on les voyait fondre en larmes et tomber à genoux pour remercier Dieu, lorsqu’on leur racontait la conversion des idolâtres. Ces histoires attachantes vivifiaient leur foi et encourageaient leur dévouement pour la propagation de l’Évangile parmi les infidèles. Le voyage du P. Cataneo à Macao eut d’heureux résultats ; d’abord il ranima la piété des vieux chrétiens et puis il intéressa leur charité en faveur des néophytes chinois. Le missionnaire repartit avec d’abondantes aumônes et une petite collection d’objets d’Europe, des tableaux, des vases en verre, des étoffes de lin, des montres, des cartes de géographie, des sabliers, des miroirs ; « toutes choses, dit naïvement le P. Trigault, fort nécessaires aux commencements, et qui servent d’huile pour frotter les roues des affaires, afin qu’elles roulent plus doucement[1]. »

Lorsque le P. Cataneo fut de retour à Nanking, le P. Ricci, à la vue de ces curiosités parmi lesquelles il

  1. Trigault, p. 328.