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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/183

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qu’à Canton, pour de là être expédiés dans leur propre pays par la première occasion… L’empereur ne répondit rien à cette requête. Les politiques en concluaient qu’elle n’avait pas été du goût de la cour. À un mois d’intervalle, le premier ministre envoya une nouvelle requête conçue à peu près dans les mêmes termes. Elle eut le même sort que la première et n’obtint pas plus de réponse. Il était dès lors évident que la conclusion déplaisait à l’empereur et qu’il ne voulait pas renvoyer les étrangers, mais que, pour se conformer aux lois de l’empire, il ne les autoriserait officiellement à rester à Péking qu’autant que les ministres lui en feraient la demande. Les eunuques chargés de monter les horloges étaient surtout fort désireux de voir les missionnaires demeurer dans la capitale. Que deviendraient-ils, après leur départ, si quelque chose se détraquait, par malheur, dans ces merveilleuses machines ?

L’empereur était tellement ravi de ces horloges que les eunuques racontèrent à ce sujet une anecdote assez singulière. L’impératrice mère ayant entendu parler de ces tse-ming-tchoung, ou « cloches qui sonnent d’elles-mêmes, » désira beaucoup les voir et pria son fils impérial de les lui envoyer par les eunuques. L’empereur fut consterné de cette demande. Il ne pouvait s’empêcher de condescendre au désir de sa mère ; mais d’autre part il craignait beaucoup qu’après avoir entendu sonner les horloges, elle ne voulût les garder ; ce qui lui eût été extrêmement désagréable. Le rusé Fils du Ciel trouva moyen de se tirer de ce mauvais pas en jouant à sa mère un petit tour de malice. Il lui envoya les horloges, mais après avoir fait arrêter