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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/185

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se trouvait honoré de l’éclat de sa présence. Durant plusieurs jours, ce ne furent que fêtes, banquets, ovations de tout genre. Mais le P. Ricci tâcha de s’affranchir insensiblement de ces exigences cérémonieuses, absorbant un temps précieux qui devait être consacré à la prédication de l’Évangile. Il établit dans sa maison des conférences régulières, où les lettrés les plus fameux de Péking venaient l’entendre développer les vérités du christianisme. La haute position qu’il s’était acquise ne lui fit pas oublier cependant qu’il se devait tout à tous, et quoiqu’il reçût toujours avec civilité et bienveillance les mandarins et les lettrés les plus distingués, on remarqua qu’il était plein d’affabilité pour les visiteurs de la classe inférieure, et qu’il aimait à prolonger avec eux ses entretiens.

L’enseignement oral auquel il s’appliquait journellement ne lui fit pas oublier combien les livres pouvaient avoir de l’influence sur un peuple qui aime tant à lire, et où la littérature a toujours été si honorée. Aidé de quelques lettrés fameux dont il était devenu l’ami, il rédigea plusieurs ouvrages qui font encore aujourd’hui l’admiration des Chinois. Il donna surtout des soins particuliers au catéchisme qu’il avait déjà composé, et qu’il voulait encore perfectionner avant d’en publier une édition nouvelle. Un membre de la fameuse Académie des Han-Lin, qui travaillait souvent avec lui, le pressait de ne pas retarder la publication de ce livre important ; mais le P. Ricci demandait à le retoucher encore, afin qu’il ne laissât rien à désirer sous le rapport de la précision des idées et de l’élégance du style. Un jour l’académicien lui dit : Maître, il y avait dans mon pays un homme atteint d’une