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que agitation. Enfin Tsong-Kaba se posa hardiment comme réformateur, et se mit à déclarer la guerre à l’ancien culte. Ses partisans augmentèrent de jour en jour, et furent nommés lamas à bonnet jaune, par opposition aux lamas à bonnet rouge qui défendaient l’ancien système. Le Chakdja, Bouddha vivant et chef de la hiérarchie lamaïque, se préoccupa de cette nouvelle secte, qui introduisait la confusion dans les cérémonies religieuses. Il manda en sa présence Tsong-Kaba, afin de s’assurer si sa science était aussi merveilleuse et aussi profonde que le prétendaient ses partisans. Le réformateur dédaigna de se rendre à cette invitation. Représentant d’un système religieux qui devait remplacer l’ancien, ce n’était pas lui qui devait faire acte de soumission.

Cependant la secte des bonnets-jaunes devenait dominante, et les hommages de la multitude se tournaient vers Tsong-Kaba. Le Bouddha Chakdja, voyant son autorité décliner, prit le parti d’aller trouver le petit lama de la petite province d’Amdo ; car c’est ainsi que, par mépris, il appelait le réformateur des rites. Il espérait dans cette entrevue entrer en discussion avec son adversaire et faire triompher l’ancienne doctrine. Il s’y rendit avec grand appareil et entouré de tous les attributs de sa suprématie religieuse. En entrant dans la modeste cellule de Tsong-Kaba, son grand bonnet rouge heurta le haut de la porte et tomba à terre. Cet accident fut regardé par les religieux et par le peuple comme un signe du triomphe du bonnet jaune. Le réformateur était assis sur un coussin, les jambes croisées, et ne parut pas faire attention à l’entrée du Chakdja. Il ne se leva pas pour