Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/214

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main, et fondaient au sein du paganisme et de l’infidélité de ferventes chrétientés. Les missionnaires des diverses contrées se communiquaient les joies et les douleurs de leur apostolat et ces précieuses correspondances soutenaient leur courage au milieu des épreuves, ranimaient leur ardeur, et leur permettaient quelquefois de s’aider mutuellement dans la grande œuvre de la conversion des peuples.

Les récits concernant les heureux succès de la mission de Chine avaient pénétré dans les Indes. Les missionnaires répandus sur les bords du Gange, suivaient avec le plus vif intérêt les travaux de leurs confrères, qui déjà avaient élevé de nombreuses chapelles sur les rives du fleuve Jaune et jusque dans la capitale de l’empire. Pendant que les lettres de Macao les entretenaient de la Chine et de Péking, ils avaient souvent occasion de rencontrer dans les Indes des marchands musulmans qui, après avoir parcouru la haute Asie, leur racontaient la grandeur et les richesses d’un immense royaume qu’ils nommaient le Cathay. Ils leur parlaient des mœurs et des habitudes des Cathayens, et d’après la description qu’ils faisaient de certaines cérémonies religieuses qu’ils avaient vues, il était permis de conjecturer que dans ce pays il y avait un nombre assez considérable de chrétiens. Les missionnaires de l’Inde étaient très-désireux de savoir au juste ce que c’était que ce royaume de Cathay, si vanté au treizième siècle par Marco-Polo, et dont les marchands musulmans rapportaient des notions si curieuses. Le P. Ricci avait bien écrit plusieurs lettres pour prouver que la Chine et Péking étaient positivement le Cathay et le Khanbalu des voyageurs du moyen âge, mais on n’é-