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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/251

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bitée par des bonzes, il prit son pinceau et écrivit les paroles suivantes : « Le temple de la Discipline et de la Bonté n’appartient à personne, puisque son propriétaire est condamné a mort par l’empereur. Quant aux bonzes qui l’habitent, qu’ils en soient chassés, et que l’établissement soit livré sans délai à Jacques Pantoja et à ses compagnons. »

Les missionnaires furent donc installés officiellement dans la pagode de la Discipline et de la Bonté. Peu de jours après, quelques bonzes, profitant de l’absence du P. Pantoja, suscitèrent une émeute, envahirent la pagode et en pillèrent les meubles sous prétexte qu’on avait simplement fait concession du bâtiment, et non des objets qu’il pouvait renfermer. Lorsqu’ils eurent bien pillé à leur aise sans que personne s’y opposât, plusieurs d’entre eux s’assirent dans le temple et se mirent à causer avec un néophyte attaché à la mission en qualité de domestique. Ton maître est bien puissant, dit un bonze ; il doit assurément posséder des drogues pour enchanter les cœurs et subjuguer les volontés des grands mandarins.— La vertu, les livres, la loi du Seigneur du ciel, répondit le néophyte, voilà les médecines dont use mon maître pour obtenir la bienveillance des grands. — Puisque tu es son disciple, répliqua le bonze, conseille-lui donc de se faire assigner une pagode plus grande et plus belle que celle-ci, quelque chose qui soit digne de lui. — Mon maître est modeste, il ne demande pas ce qu’il y a de mieux… Le bonze se leva, et s’adressant à une grande idole dorée qui trônait sur un autel il lui fit une révérence, et lui dit d’un ton un peu railleur : Adieu, adieu pour la dernière fois ; il ne me sera plus permis