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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/252

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désormais d’entrer dans cette salle, adieu. – Quelques bonzes prirent congé de leurs dieux avec moins de courtoisie. Ils se retirèrent en leur lançant des injures et des malédictions : — Puisque vous avez eu la lâcheté de vous laisser envahir et dominer par des étrangers, vous n’êtes que des œufs de tortue, et nous vous maudissons.

Après quelques difficultés que les magistrats s’empressèrent d’aplanir, les missionnaires habitèrent paisiblement leur nouvelle demeure. On fit un immense bûcher des nombreuses idoles de bois qui se trouvaient dans la pagode, et les Chinois non chrétiens se donnaient le plaisir de les voir brûler et de quolibeter à leurs dépens. Lorsqu’on eut terminé dans l’enclos de la mission le mausolée destiné à recevoir les restes précieux du P. Ricci, on lui fit des funérailles solennelles où assistèrent les principaux magistrats de Péking. Les missions de Nanking, de Nan-Tchang-Fou, de Tchao-Tcheou et de Schang-Hai envoyèrent des députations, le concours des chrétiens fut immense, et le P. Pantoja voulut qu’on déployât en cette circonstance toutes les splendeurs du culte catholique. C’était moins une cérémonie de deuil qu’une pompeuse fête ; c’était le triomphe du christianisme dans la capitale de l’empire chinois.

Quelques jours avant la maladie qui termina sa carrière apostolique, le P. Ricci avait dit à ses confrères les paroles suivantes : « Mes pères, lorsque je réfléchis aux moyens par lesquels je pourrai propager la foi chrétienne parmi les Chinois je n’en trouve pas de meilleur et de plus efficace que ma mort… »

Ce grand missionnaire avait sans doute alors un