Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/253

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pressentiment de ce qui devait arriver à force de patience et de courage. Il avait réussi à faire germer la semence évangélique sur ce sol ingrat, il avait fait luire la lumière au milieu des ténèbres, il avait enfin fait connaître le vrai Dieu à ces nombreuses populations, et l’on peut dire que son apostolat avait été couronné de succès, car déjà dans plusieurs provinces on comptait de nombreux et fervents néophytes. Cependant sa mort devait en quelque sorte venir mettre un sceau à ce qui avait été fait. Par sa sépulture il légalisait le christianisme en Chine. Ce terrain accordé par l’empereur lui-même, avec l’approbation des six cours souveraines, des ministres et des premiers magistrats, était aux yeux de tout l’empire un éclatant témoignage en faveur du christianisme. Cette base étant solidement établie, les ouvriers évangéliques mirent avec ardeur la main à l’œuvre, afin de construire cet édifice conçu par l’ardente charité de François Xavier, et dont le zèle infatigable de Matthieu Ricci avait jeté les fondements.

La mission de Chine était enfin fondée, et le lecteur a pu voir, en suivant le cours de notre récit, tout ce qu’il en coûta de travaux, de souffrances et de tribulations au chef de cette sainte et glorieuse entreprise. Tout roulait sur lui ; il fallait veiller sur toutes les chrétientés, former des novices capables de perpétuer ce qu’on ne faisait que de commencer, catéchiser, prêcher, confesser, visiter les malades, continuer à cultiver les sciences, donner des leçons de mathématiques et de géographie, répondre aux doutes, aux objections que lui envoyaient les lettrés de toutes les parties de la Chine, cultiver, ménager la protection