Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/272

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sa colère contre les employés de son tribunal. Le lendemain le P. Semedo, le frère Sébastien Fernandez et quelques chrétiens qui demeuraient avec eux allèrent rejoindre le P. Vagnon en prison, où on ne tarda pas à les isoler les uns des autres.

Pendant que le P. Lombard, arrivé à Péking et secondé par le P. Jacques Pantoja et le docteur Paul, s’efforçait en vain de faire parvenir un mémoire à l’empereur, la persécution s’envenima à Nanking, « Je ne m’arresteroy point, dit Semedo, à raconter par le mesme, les indignitez, les afronts et les outrages que nous souffrismes en ces passades d’un tribunal à l’autre. Les uns nous chargeoient de coups de piedz, les autres de coups de poing : icy les soufflets voloient sur nos joues comme des tempestes, là nous estions poussés comme des ondes ; on nous couvroit le visage de fange et de crachats ; ceux-cy nous arrachoient la barbe, ceux-là nous tiroient par le poil avec mille autres insolences qui sont inévitables aux criminels, s’ils n’ont la bourse bien ferrée pour se redimer de ces vexations, et achepter un peu d’humanité des ministres de justice ; ce que les chrétiens ne purent faire, à cause de leur pauvreté[1]. »

Après avoir été traînés de tribunal en tribunal et partout cruellement maltraités, les confesseurs de la foi parurent enfin au prétoire de l’assesseur de la cour des rites, de celui qui avait soulevé contre les chrétiens cette longue persécution. Le juge les tint durant six heures entières dans une posture douloureuse, agenouillés sur des chaînes, pendant qu’il leur faisait

  1. Alvarez Semedo, p. 314.