Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/33

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térieux empire dont on avait raconté tant de merveilles dans les siècles précédents. Déjà, d’ailleurs, ils avaient rencontré plusieurs Chinois côtoyant avec leurs grandes jonques la presqu’île malaise, et le grand Albuquerque s’était mis en relation avec eux, lorsqu’il prit possession de Malacca. Ce fut sur les renseignements de ce guerrier fameux et de ce politique profond que la cour de Portugal résolut de tenter une expédition en Chine et d’y envoyer un ambassadeur. Une escadre de neuf vaisseaux, commandée par Fernand d’Andrada, partit de Lisbonne en 1518. Thomas Pirès, qui avait longtemps résidé dans les Indes, fut désigné pour être le chef de l’ambassade. Aussitôt que les navires portugais arrivèrent en vue des îles nombreuses disséminées aux environs de Canton, le mandarin de la mer, étonné à la vue de cette étrange apparition, arma ses jonques de guerre et fit voile à l’encontre de la flottille européenne. D’Andrada, qui était d’un caractère doux et liant, laissa visiter ses vaisseaux, gagna l’amitié du mandarin, et obtint la permission d’aller jusqu’à Canton, pour exposer au gouverneur de la province le but de sa mission. Ils remontèrent donc la rivière du Tigre et purent admirer de tous côtés de riches campagnes, des terres fertiles et bien cultivées, une longue suite de beaux villages dont les nombreux habitants se livraient en paix aux travaux de l’agriculture, du commerce et de l’industrie. Canton, cette grande cité, avec sa population laborieuse, intelligente, aux manières élégantes et polies, avec ses grands magasins où l’on voyait étalés les mille produits d’une brillante civilisation, tout les jetait dans l’étonnement et l’admiration. Ils