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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/34

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comprirent que la modération et la douceur étaient les seuls moyens de lier des relations avec une nation si remarquable. D’Andrada s’insinua peu à peu dans les bonnes grâces des mandarins de Canton et réussit à faire un traité de commerce qui devait être soumis à la sanction de l’empereur.

Thomas Pirès partit dès lors pour Péking en qualité d’ambassadeur. Il arriva dans cette capitale en 1521, s’attendant à trouver la cour bien disposée en faveur de sa nation. Malheureusement, il survint à cette époque même des événements qui firent évanouir toutes les espérances et compromirent cette première ambassade. On apprit de Canton que Simon d’Andrada, frère de Fernand, y était venu de Malacca avec quatre vaisseaux, qu’il avait élevé une forteresse dans l’île de Ta-men, pillé les jonques chinoises, et qu’il s’était abandonné sur la côte avec ses matelots à tous les excès du libertinage et de la piraterie. D’un autre côté, un ambassadeur musulman était arrivé à Nanking, de la part du roi de Bantam pour représenter à l’empereur que son maître avait été injustement dépouillé par les Portugais de la possession de Malacca, et pour demander qu’à titre de vassal de l’empire il pût être placé sous la protection chinoise. Le gouverneur de Nanking avait écouté ces plaintes, et il engageait l’empereur à ne souffrir aucune liaison avec ces Francs avides et entreprenants, dont l’unique affaire était, sous le prétexte du commerce, d’épier le côté faible des pays où ils étaient reçus, d’essayer d’y prendre pied comme marchands, en attendant qu’ils pussent s’en rendre maîtres. On voit que dès cette époque on connaissait assez bien dans les contrées