Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/46

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s’arrêta quelque temps à Macao avant de se rendre au Japon. Le zèle ardent de ce missionnaire ne put supporter de voir qu’on avait en quelque sorte désespéré de pouvoir entrer dans l’intérieur de la Chine, et qu’on laissait d’innombrables populations plongées dans l’erreur sans venir à leur secours. Il médita sur les moyens les plus propres à fonder des missions dans les provinces de l’Empire. Les religieux de Macao étant à peine suffisants pour l’administration de la colonie, il pensa à faire venir quelques missionnaires qui se disposeraient à pénétrer dans l’intérieur. Il écrivit donc à ce sujet au père provincial des Indes, et avant de faire voile pour le Japon, il rédigea des instructions pour ceux qui seraient envoyés en Chine.

Le provincial des Indes se hâta de faire partir pour Macao un père tout récemment arrivé d’Europe. C’était Michel Roger du royaume de Naples. Il débarqua à Macao au mois de juillet 1579. Il lut les instructions que lui avait laissées le P. Valignan, et où il lui était spécialement ordonné de se livrer tout entier à l’étude de la langue chinoise, de ne pas négliger d’apprendre à déchiffrer et à former l’écriture bizarre de ce singulier peuple. Le P. Roger suivit un si sage conseil et s’appliqua à étudier l’idiome de Confucius. Lorsqu’il crut en avoir des notions suffisantes, il songea à pénétrer dans l’intérieur. La connaissance de quelque haut fonctionnaire chinois lui parut nécessaire pour l’exécution de son projet. Dans le but de se mettre en rapport avec les mandarins, il accompagna les marchands portugais à Canton, aux deux époques de l’année fixées pour les transactions commerciales. Les Portugais avaient l’autorisation de se