Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/47

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rendre dans les faubourgs de la ville de Canton pour trafiquer avec les habitants. Au soleil couché, ils étaient obligés d’évacuer le territoire du Céleste Empire, et de se retirer à bord de leurs navires, qui stationnaient dans la rivière du Tigre. Ils étaient d’ailleurs placés sous la surveillance continuelle de quelques grands mandarins militaires, qui réglaient le commerce des étrangers et faisaient minutieusement épier leur conduite. Le P. Roger eut bientôt noué des relations avec ces mandarins, qui, flattés de voir le religieux européen s’appliquer à l’étude de la langue chinoise le traitèrent avec distinction et le dispensèrent de s’en retourner tous les soirs à bord des navires. Ils lui offrirent un logement dans le palais destiné aux membres de l’ambassade que le roi de Siam envoyait annuellement à Péking.

La bienveillance des autorités de Canton pour le P. Roger frappa les Chinois, surtout ceux de Macao, et plusieurs témoignèrent le désir d’embrasser la religion chrétienne. Un catéchuménat fut formé, et le P. Roger, lorsqu’il revenait de Canton avec les navires portugais, après la clôture du commerce, donnait tous ses soins à cette mission naissante. Cependant comme il était seul pour s’occuper de la conversion et de l’instruction des Chinois, comme d’ailleurs il allait passer une grande partie de l’année à Canton le P. Valignan, instruit de cet état des choses pendant qu’il était encore au Japon, demanda au provincial des Indes qu’on désignât un autre religieux pour venir partager en Chine les travaux du P. Roger. Le P. Matthieu Ricci fut l’élu de la Providence pour cette œuvre si difficile ; arrivé aux Indes avec le