Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/48

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P. Roger, il était alors à Goa, où il terminait ses études théologiques.

Le P. Matthieu Ricci était né à Macérato, dans la marche d’Ancône, en t552, précisément dans la même année où François Xavier rendait le dernier soupir, dans une pauvre cabane, sur une île chinoise. Ainsi, au moment même où s’éteignait, au fond de l’Asie, l’apôtre qui avait conçu le projet de porter la foi chrétienne dans l’Empire Céleste, Dieu suscitait à l’autre extrémité de la terre le missionnaire qui devait exécuter ce projet. Le zèle apostolique de Xavier était passé tout entier dans l’âme de Ricci. Ce célèbre propagateur de la foi avait d’abord été destiné à l’étude du droit ; mais, ayant préféré la vie religieuse, il était entré dans la compagnie de Jésus, en 1571. Celui qui le dirigea dans son noviciat était ce même P. Vatignan, qui fit de si grandes choses dans les Indes qu’un prince de Portugal l’appelait l’apôtre de l’Orient. Après le départ de son maître pour les missions étrangères, Ricci conçut bientôt le désir d’aller le rejoindre. Il ne resta donc en Europe que le temps qu’il fallait pour faire les études nécessaires à une semblable entreprise, et il arriva à Goa en 1578. Il avait donc vingt-sept ans à son entrée dans la carrière apostolique.

Les PP. Roger et Ricci, après avoir supporté ensemble les fatigues et les dangers d’une longue navigation, se trouvaient réunis à Macao, et choisis l’un et l’autre pour travailler de concert à la même œuvre. Pendant qu’ils cherchaient avec anxiété les moyens de pénétrer définitivement dans l’Empire, la Providence sembla leur en ouvrir les portes par une circonstance assez singulière. Le gouverneur de la