Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/199

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Nous avons dîné en famille tous les cinq. Puis je suis allé à la réunion.

Puisque la France est mutilée, l’Assemblée doit se retirer. Elle a fait la plaie et est impuissante à la guérir. Qu’une autre Assemblée la remplace. Je voudrais donner ma démission. Louis Blanc ne veut pas. Gambetta et Rochefort sont de mon avis. Débat.


3 mars. — Ce matin, enterrement du maire de Strasbourg, mort de chagrin. Louis Blanc est venu me trouver avec trois représentants, Brisson, Floquet et Cournet. Il vient me consulter sur le parti à prendre quant aux démissions. Rochefort et Pyat, avec trois autres, donnent la leur. Mon avis serait de nous démettre. Louis Blanc résiste. Le reste de la gauche semble ne pas vouloir de la démission en masse.

Séance.

En montant l’escalier, j’ai entendu un bonhomme de la droite, duquel je voyais le dos, dire à un autre : — Louis Blanc est exécrable, mais Victor Hugo est pire.

Nous avons tous dîné chez Charles qui avait invité Louis Blanc et MM. Lavertujon[1] et Alexis Bouvier[2].

Le soir nous sommes allés à la réunion rue Lafaurie-Monbadon. Le président de l’Assemblée ayant fait aujourd’hui les adieux de l’Assemblée aux membres démissionnaires pour l’Alsace et la Lorraine, ma motion acceptée par la réunion (leur maintenir indéfiniment leur siège) est sans objet, puisque la question est décidée. La réunion semble pourtant y tenir. Nous aviserons.


4 mars. — Réunion de la gauche. M. Millière propose, ainsi que M. Delescluze, un acte d’accusation contre le gouvernement de la Défense nationale. Il termine en disant que quiconque ne s’associera pas à lui en cette occasion est dupe ou complice. Schœlcher se lève et lui dit : — Ni dupe, ni complice. Vous en avez menti.

Séance à l’Assemblée.

Le soir, réunion. Louis Blanc, au lieu d’un acte d’accusation en forme de l’ex-gouvernement de Paris, demande une enquête. Je m’y rallie. Nous signons.


5 mars. — Réunion de la gauche. On parle d’une grande fermentation dans Paris. Le gouvernement qui reçoit ordinairement de Paris un minimum de

  1. Rédacteur en chef de la Gironde, en 1855 ; secrétaire du Gouvernement de la Défense nationale ; rédacteur en chef du Journal officiel, puis consul général à Amsterdam. (Note de l’éditeur.)
  2. Romancier et auteur dramatique. (Note de l’éditeur.)