Rue du Cherche-Midi, 39.
Nous partons ce matin de Reims où nous avons assisté à toutes les magnifiques cérémonies du sacre. Je serai après-demain matin, 2 juin, vers midi, chez vous, et je repartirai le même jour à six heures pour Blois, si la malle a des places.
Mille affaires, et surtout l’ode qu’il faut que je fasse, me ramèneront sur-le-champ sans doute à Paris, avec mon Adèle et ma Didine. Ma présence y est absolument nécessaire.
Au reste, nous ne nous plaignons pas d’une circonstance qui nous rendra plus tôt à notre bonne famille de Paris.
Adieu, ma chère maman, embrassez bien notre excellent père, et croyez à mon tendre et respectueux dévouement.
Je t’écris, chère ange, sur la table de cuisine de l’auberge et le pied sur le marche-pied. Nous avons couché à six lieues de Reims, et comme notre cocher s’est amusé à faire le métier de fiacre à Reims au lieu de reposer ses chevaux, nous arriverons plus tard que je n’espérais. Ne nous attends donc que jeudi soir ou vendredi matin.
Comment ! tu es partie seule[2] ! Je suis dans une mortelle inquiétude. J’ai besoin de beaucoup espérer.
À bientôt, bien-aimée, mille baisers à ma jolie petite Didine. Embrasse tes bons parents. Quel bonheur ! à bientôt[3] !