Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/41

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éprouvé[1]. Voyez, dans ces lignes trop courtes, tout ce que je voudrais vous dire. Dans chaque mot, dans chaque syllabe, il y a un remerciement et une effusion[2].


À Auguste Vacquerie[3].


Vous vous rappelez, cher Auguste, je disais il y a vingt-cinq ans : nous chantons comme on combattrait. Eh bien ! je viens de combattre, et j’ai un peu montré ce que c’est qu’un poëte.

Ces bourgeois sauront enfin que les intelligences sont aussi vaillantes que les ventres sont lâches.

Merci de votre magnifique lettre. Il y a un tel unisson de votre âme à la mienne que je retrouve dans ces pages écrites par vous en prison toutes mes paroles de la mêlée et du combat. Je pensais tout cela, mais vous le dites mieux.

Je vous serre la main. À bientôt.

V[4].
Bruxelles, 19 Xbre[1851].


À Paul Meurice.


Merci. Vos généreuses et douces paroles me vont au cœur. J’ai relu trois fois votre tendre et admirable lettre[5]. Quel contraste ! Une âme comme la vôtre à la Conciergerie et cette brute à l’Élysée !

Cher ami, j’espère que ceci sera court. Si c’est long, nous en sourirons plus longtemps. Quelle honte ! Heureusement la gauche a vaillamment tenu le drapeau. Ces misérables ont accumulé crimes sur crimes, férocité sur trahison, lâcheté sur atrocité. Si je ne suis pas fusillé, ce n’est pas leur faute, ni la mienne.

Je vais travailler ici. Il y a des obstacles à la publication. Ma femme vous les contera. J’écrirai toujours en attendant.

  1. Le 3 décembre 1851, H. Descamps avait offert asile chez lui à Victor Hugo poursuivi, qui y avait passé quatre nuits. En vain le poète lui avait-il représenté qu’il y avait danger pour un fonctionnaire (il appartenait au ministère de la Marine) à abriter un représentant, qu’il pouvait être destitué, ou pis encore. Henri Descamps avait maintenu son offre.
  2. Le Figaro, 1er décembre 1881.
  3. Inédite.
  4. Bibliothèque Nationale.
  5. Du 16 décembre. Cette lettre serait tout entière à citer ; elle est publiée, comme la réponse de Victor Hugo, dans la Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.