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elles répondaient, conversation d’âme à âme entre vous et moi, à travers un livre. C’est que ce livre a la transparence de la lumière et le rayonnement de la vérité. J’ai causé avec votre ouvrage comme je causerais avec vous, et je vais l’emporter en voyage et m’en faire accompagner, car il est maintenant mon ami.

Vous donnez à la justice ses hautes et réelles formules, vous voyez l’histoire avec le regard du penseur, vous indiquez au Progrès sa vraie route dans l’avenir, en lui expliquant son véritable itinéraire dans le passé ; vous êtes la science servie par le style, le philosophe doublé de l’écrivain.

Je vous remercie de m’avoir fait lire cette œuvre enthousiaste et sagace, éloquente et logique ; je vous remercie de m’y avoir cité ; je vous remercie de l’avoir écrite.

Quand vous reverrai-je ? Vous m’avez laissé un souvenir cordial et charmant. Je sens encore la chaleur de votre serrement de main.


Votre ami,
Victor Hugo[1].


À Andrew Johnson.


[Septembre ou octobre 1865.]

L’Europe connaît votre noble carrière comme ouvrier, comme sénateur, comme gouverneur d’état. Elle attend beaucoup de vous comme président des États-Unis.

Je salue avec respect dans vos mains le drapeau de la république.

V. H.

Deux morts ont tué l’esclavage. La mort de Lincoln achève ce qu’avait commencé la mort de John Brown.

Ces deux meurtriers, Wysse en 1859, Booth en 1865, l’un en dressant le gibet, l’autre en frappant du poignard, ont été deux libérateurs involontaires. Ils ont montré leur principe, l’esclavage, debout et en quelque sorte au pilori, entre deux assassinats[2].

  1. Archives de la famille de Victor Hugo.
  2. Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.