Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., En voyage, tome II.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont beaux ; on voit le feuillage comme en été et le branchage comme en hiver.

Saint-Bénigne, cathédrale du troisième ordre. Belle masse pourtant. Treize et quatorzième siècles. Deux tours pour façades. Une aiguille (ardoises) sur la croisée. Fenestrage qui entoure la baie, retouché dans un pauvre goût. Sous le portail l’ogive de M. Soufflot. C’était un portail roman. Indignement défiguré.

Intérieur : à droite et à gauche du portail principal, deux nobles tombeaux Louis XIII. Legoux, seigneur de la Bercherie. L’homme et la femme, chacun taillé en marbre, à genoux sur sa tombe. Belles statues pleines de rêverie. 1631. Quos idem quondam thalamus, idem quoque tumulus excepit.

L’intérieur de l’église est insignifiant aujourd’hui. Pas un tableau de valeur, pas un vitrail, pas une chapelle conservée.

Vers 1820, l’évêque d’alors, M. de Boisville, a refusé les tombeaux des deux ducs de Bourgogne qui sont au musée, ne leur trouvant pas de place dans son église. Pauvre bonhomme qui expulsait de sa cathédrale, non seulement Philippe le Hardi et Jean sans Peur, deux grands princes qui sont morts, mais encore Jean de la fiuerta et Claus Sluter, deux grands artistes qui vivent toujours.

À côté de Saint-Bénigne, Saint-Philibert, belle flèche de pierre du treizième siècle, magasin de fourrages ; j’ai regardé par le trou de la serrure, tas de foin dans le chœur.

Saint-Jean, autre magasin de fourrages.

Tour du douzième siècle, au Vieux-Palais, mont-de-piété ; au rez-de-chaussée, Robin, menuisier.

Porte-forteresse, caserne de gendarmerie.

Tour d’enceinte, salle des pansements publics.

Saint-Étienne, patron de la Bourgogne, ancienne cathédrale, nef : halle au blé. Abside, magasin de décors du théâtre. Les vitraux pendent défoncés.

Notre-Dame, treizième et quatorzième siècles. — Façade remarquable, haute muraille faisant porche, portant à l’un de ses angles une horloge avec jacquemart : un paysan, une paysanne avec leur enfant, en bois peint dans une cage de fer. Le père avec un gros marteau sonne les heures, la femme les demi-heures, l’enfant les quarts. Sur cette muraille, deux galeries-ogives à colonnettes superposées. Dans la croisée à droite, j’ai vu la Vierge noire qui reçut toutes les balles des suisses dans son tablier, lors du siège de la ville. Elle était vêtue d’une robe de satin vert, avec une grosse chaîne d’or au cou, qu’on vient de lui donner pour un miracle qu’elle a fait le mois dernier. Sous le porche, vestiges d’un magnifique portail roman