Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., En voyage, tome II.djvu/519

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Encore très admirable. Pourtant il ne reste plus qu’une des vieilles maisons de la place de l’église. L’avant-dernière est en train de tomber. Il reste de la démolition qu’on semble faire avec joie une encoignure de grès rouge à figures, très belle.

Je monte à la nef ruinée. Absolument dans l’état où je l’ai vue la première fois.


1er septembre. — Bingen. La tour des rats bêtement refaite à neuf. Méconnaissable. Bingen pavoisé. Le défilé des princes revenant du conciliabule de Francfort produit ces drapeaux aux fenêtres.

Arrivés à 6 heures à Mayence. — Vu le Muséum dans le palais renaissance des électeurs. Admirable Jordaens, Jésus enseignant les docteurs. Admirable Dominiquin. La mort de St-Joseph. Autres beaux tableaux. Un Murillo.

Mayence, comme le reste du Rhin, est anglaisé et gâté.


4 septembre. — Heidelberg. Revu à 2 heures le château. N’a presque rien perdu ; toujours splendide. Pourtant il ne reste plus qu’une tonne du 16e siècle. A notamment disparu celle où étaient les coups de hache des sapeurs de mon oncle.


5 septembre. — Excursion à Neckarsteinach. Revu le Schwalbennest et les autres ruines. Tout est restauré et anglaisé. Nous montons à un village en haut de la colline au delà du Neckar ; nous passons le Neckar dans une pirogue à voiles. Montée âpre. Étrange hameau perché. Entrée de ville forte. Énorme tilleul centenaire. Vu le Schloss. Belle ruine, 12e, 16e, 17e siècles. Gros boulets de pierre. Je monte sur la tour octogone. Charles a le vertige et ne m’accompagne pas. Vue admirable de là-haut. Deux auberges dans ce cul-de-sac.


6 septembre. — Durkheim. Là, en dînant, idée du Rhin complété, vendu par livraisons sur le Rhin même.


8 septembre. — Durlach. Vu la ville. L’ancien château remplacé par une grande chose blanche et bête. L’ancien hôtel de ville de la Renaissance remplacé (en 1845) par une bâtisse lourde, bâtarde, inepte, qui a coûté 200 000 francs. Il reste du château un ravissant écusson à triple compartiment, du 16e siècle, et de l’hôtel de ville, rien. Le nouvel hôtel de ville est, disent-ils, d’un genre plus ancien que n’était le précédent. C’est donc par amour de la vieille architecture qu’ils détruisent les vieux monuments.

Jolie maison rococo à tourelle, vis-à-vis l’hôtel de ville.