Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., En voyage, tome II.djvu/543

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19 septembre. — Vianden. Nous allons voir la ruine. La restauration de la chapelle est acceptable. Le nouvel architecte fait de son mieux. Plusieurs effondrements et éboulements ont eu lieu depuis ma dernière visite, notamment dans la grande salle d’en bas.


20 septembre. — Après le déjeuner nous partons pour aller visiter les ruines de Bourscheid. Nous voyons en passant la ruine très belle de Brandebourg. Je la dessine. Nous arrivons à 5 heures après quelques difficultés de gués à traverser et de côtes à monter, à Bourscheid. Une vieille femme nous y reçoit. Son logis est dans une tour. Il est terrible. Un grabat couleur cendre dans une brèche du mur, une lucarne bouchée avec de la paille, un poêle de fer, quelques escabeaux branlants, le mur chassieux, la chambre borgne, la table boiteuse, la femme goîtreuse. Elle loge là avec sa fille, qui est jeune. Elle nous présente comme curiosité locale offerte aux voyageurs le livre héraldique des sires de Bourscheid, sur lequel nous lisons à la date de 1758 :

Charles Hugo, baron de Metternich ;
François Hugo Wolff, baron de Vernich et de Neckarsteinach,
maréchal héréditaire du duché de Luxembourg.

Nous errons dans la ruine. Je la dessine. Elle est admirable. C’est un énorme arrachement de murs et de tours fait par quelque poing terrible (le poing des vieilles guerres). Le burg va du onzième siècle au quinzième. La vue est splendide.


[Retour le 25 septembre pour le mariage de Charles qui a eu lieu à Bruxelles le 18 octobre.]


24 octobre. — Je pars aujourd’hui 24 octobre de Bruxelles pour retourner à Guernesey par Ostende, Douvres, Londres et Weymouth.


25 octobre. — Ostende. Tempête. Nous laissons partir le bateau et nous allons à Gand flâner. Gand se déforme comme Anvers et Liège. Bruges tient encore un peu. Le beffroi de Gand est honteusement restauré style gothique-troubadour. L’hôtel de ville a des parties admirables.


26 octobre. — Il fait très beau. Nous voulons partir. Toutes sortes de petits délais nous font manquer le bateau. Nous arrivons trop tard de deux minutes. Je loue une voiture pour aller à Nieuport dont l’hôtel de ville, vu il y a vingt-huit ans, m’a laissé un souvenir. Nous partons à 10 heures.