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L’ÂME.

Contemplait ces grands tableaux,
Lui, centre commun des âmes,
Foyer de toutes les flammes,
Océan de tous les flots ?

III



Suivais-tu du Seigneur la marche solennelle,
Lorsque l’Esprit porta la parole éternelle
De l’abîme des eaux aux régions du feu ;
Au jour où, menaçant la terre virginale,
Comme, d’un char léger pressant l’ardent essieu,
Un roi vaincu refuse une lutte inégale,
Le Chaos éperdu s’enfuyait devant Dieu ?

As-tu vu, loin des cieux, châtiant ses complices,
Le roi du mal, armé du sceptre des supplices,
Dans le gouffre où jamais la terreur ne s’endort,
Lieu funèbre, où, pleurant les songes de la terre,
Le crime se réveille, enfantant le remord,
Et qu’un Dieu visita, revêtu de mystère,
Quand d’enfer en enfer il poursuivit la Mort ?

IV



Montre-moi l’Éternel, donnant, comme un royaume,
Le temps à l’éphémère et l’espace à l’atome ;
Le vide obscur, des nuits tombeau silencieux ;
Les foudres se croisant dans leur sphère tonnante,
Et la comète rayonnante,
Traînant sa chevelure éparse dans les cieux.

Mon esprit sur ton aile, ô puissante compagne,