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ODE VINGT ET UNIÈME.

À RAMON, DUC DE BENAV.


La tristesse accompagne toujours la gloire du monde.
Imitation de Jésus-Christ.


Latet alto pectore vulnus.
Virgile.


Por la boca de su berida.
Guilien de Castro[1].


Hélas ! j’ai compris ton sourire,
Semblable au ris du condamné
Quand le mot qui doit le proscrire
À son oreille a résonné.
En pressant ta main convulsive,
J’ai compris ta douleur pensive,
Et ton regard morne et profond,
Qui, pareil à l’éclair des nues,
Brille sur des mers inconnues,
Mais ne peut en montrer le fond.

« Pourquoi faut-il donc qu’on me plaigne ?
M’as-tu dit, je n’ai pas gémi ;
Jamais de mes pleurs je ne baigne
La main d’un frère ou d’un ami.
Je n’en ai pas. Puisqu’à ma vie
La joie est pour toujours ravie,

  1. Cette épigraphe remplace, à partir de 1828, celle de l’édition originale : Odes et Ballades, 1826. (Note de l’éditeur.)