Satan, jadis, prit-il Adam ? Non. Il prit Ève.
Adam, c’est la puissance, Ève est l’amour. Satan,
Entre les deux façons qu’on a d’être sultan,
Choisissait la meilleure en s’adjugeant la femme.
Moi, j’ai fait le contraire. À présent je réclame.
Trop tard. Empanaché, bardé d’un grand cordon,
Je suis Mamamouchi battu par Céladon.
Mon neveu rit, je règne ; il vit, je me lamente,
Et j’enrage. Et je vois dans ses mains mon amante
Au pillage. J’ai l’ombre, il a la proie. Et moi,
Morbleu, je me sens dupe à force d’être roi !
Prince, vous êtes l’aigle, et vous planez.
Le prince est un niais puissant ; l’aigle est une oie.
Les palais, la fanfare, et les arcs triomphaux,
L’amour des sujets, l’or, le faste, c’est du faux ;
Le trône nous enferme en son cercle héraldique ;
Celui qu’on aime est roi ; celui qui règne abdique.
Donc, voyant le garçon, beau, jeune, épris, pas vieux…
Vous en êtes jaloux…
Vois-tu, l’heureux c’est lui, moi je suis l’imbécile.
Je changerais fort bien avec lui.
C’est facile.
Non, s’il est aimé.
Quoi ! Vous tremblez, vous !