Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/133

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CE QUE C'EST QUE DE SORTIR EN EMPORTANT UN NUMÉRO DU CONSTITUTIONNEL==



Il fait beau, l'air est pur; le ciel est d'un bleu tendre;
A bas l'hiver. Géronte, adieu; bonjour, Clitandre,
Je ne me le fais pas dire deux fois, l'été
Nous appelle, et l'idylle est mise en liberté;
Ah! je profiterai, certes, de l'ouverture
Des portes, puisque avril nous livre la nature,
Et puisque le printemps nous invite à venir
Entendre les chevaux de l'aurore hennir.
Mon programme est ceci: là-haut des voix divines;
Les fleurs prendront des airs penchés dans les ravines;
Lalagé se mettra des roses sur le front,
Et rira; les rayons des deux sexes pourront
Se mêler; le gazon sera sans pruderie;
Les bois murmureront Ici l'on se marie;
Et l'arbre aura tant d'ombre-et les coeurs tant de feu
Qu'on ne trouvera pas un seul défaut à Dieu;
Pan nous laissera voir sa grande âme attendrie;
La nature sera pleine de rêverie;
Rien ne se gênerà pour vivre et pour aimer;
Par des, chuchotements on s'entendra nommer,
Et l'on croira qu'au fond les oiseaux nous connaissent;
Les cieux,-les eaux; les prés où les églogues naissent,
Seront presque aussi beaux qu'un décor d'opéra
Les papillons feront tout ce qui leur plaira;
Les nids échangeront-tout bas et sous les branches
De libres questions et des réponses franches,