Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/253

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Que la comète va chez toi, sombre évadée ?
Dis-tu, quand tes pavés sont lavés par l’ondée :
Bien, bon Dieu ! la besogne est faite ce matin !
Crois-tu que dans un ciel perdu, gouffre lointain
Qui sent ; au froid rayon-du soleil qui l’éclaire,
Se mêler l’effrayante attraction stellaire,
Dans un ciel où jamais un ange ne vola,
Une planète morne, et fatale, au delà
D’Uranus qui lui-même est plus loin que Saturne,
Se traîne, obscure ; sourde, âpre, à jamais nocturne,
Traçant dans l’être, au fônd d’un blême tourbillon,
Presque hors de la vie un lugubre sillon ;
Et que cette planète épouvantable râle,
Et que ce monde triste autour du soleil pâle
Qu’à travers la distance il peut à péine voir,
Accomplisse, tournant comme un chariot noir,
Une sinistre année, égale à cent des vôtres ;
Et que, monstre, géant des globes, loin des autres,
Il traverse à jamais, seul dans un sombre bruit,
Un ouragan d’hiver, d’épouvante et de nuit,
Et soit énorme, et soit funeste, et soit horrible,
Et montre à l’ombre immense une face terrible,
Pour faire, en votre bouge et dans votre terrier,
Donner la croix d’honneur à monsieur Leverrier ?