Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/266

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Souffrance, es-tu la loi du monde ?
L’homme vient triste et s’en va nu ;
Il naît débile et meurt immonde ;
Es-tu le fond de l’inconnu ?

Les grêles, les foudres, les trombes ;
Les marteaux meurtrissant les clous ;
Le grain dans le bec des colombes,
L’agneau dans la gueule des loups ;

Le tigre ayant l’horreur secrète
De sa propre férocité ;
Le lion, fauve anachorète
Qui hurle dans l’immensité ;

L’enfant qui meurt, âme qui sombre ;
Le lys qu’on fauche, à peine éclos ;
Les marins qu’engloutit dans l’ombre
La bave sinistre des flots ;

Partout les embûches funèbres,
Le glaive, la griffe, la dent ;
Des yeux fixés dans, les ténèbres ;
Le crime guettant et rôdant

L’abeille que chasse la guêpe ;
La guerre battant du tambour ;

Un horizon voilé d’un crêpe,
Où croît l’ombre, où décroît l’amour ;